Le sens du baptême

Pour la communauté primitive, puis pour la chrétienté hors de Palestine, le baptême est un acte d'incorporation à l'Eglise. En le recevant, le candidat devient participant à la réalité du Salut offerte en Christ. La communauté chrétienne est donc une communauté de baptisés. Du moment que la Cène est le repas eschatologique célébré par la communauté rassemblée, ceux qui partagent le pain et le vin sont nécessairement des baptisés.

A l'origine, le baptême suivait immédiatement la conversion, si bien que les candidats ne recevaient pas une catéchèse préalable. (Actes 2 v.41, 8 v.12, 16 v.33 et 18 v.8). Cependant, très rapidement, l'usage d'une catéchèse baptismale s'est instaurée (cf. 1 Corinthiens 6 v.9 à 11, Hébreux 6 v.1 et 2 et Didachè 7 v.14).

La pratique normale était l'immersion (Actes 8 v.36, Hébreux 10 v.22, Didachè 7 v.1 et 2); mais en cas de nécessité, la triple aspersion était également possible (cf. Didachè). Durant le baptême le candidat prononçait une confession de foi (cf. Romains 10 v.9 et 1 Timothée 6 v.12). Très tôt, l'invocation de l'Esprit Saint sur le candidat a été liée au geste de l'imposition des mains (Actes 8 v.17 et 19 v.6). Le Nouveau Testament ne nous donne pas de renseignement précis sur le statut de celui qui administrait le baptême.

Le Nouveau Testament ne permet pas de trancher le débat sur le baptême des enfants (" pédobaptisme "). Même le baptême de "toute une maison" évoqué en 1 Corinthiens 1 v.16, Actes 16 v.15 et 18 v.18 n'est pas un argument péremptoire. Il n'est pas possible de tirer des Ecritures une preuve convaincante en faveur du baptême des enfante

L'Eglise e mis très longtemps à adopter une attitude claire. Ce n'est qu'aux 5ème et 6ème siècle que le baptême des nouveaux-nés s'est tout à fait généralisé.

Le sens du Baptêmes s'éclaire tout particulièrement à partir de l'immersion dans l'eau : celui qui est baptisé disparaît dans l'eau, comme s'il était noyé; il en ressort avec une vie nouvelle. L'eau du baptême ne doit pas faire penser en premier lieu à une purification. Elle est bien plus une "figure de la mort". Le baptisé quitte sa vie naturelle pour recevoir une vie nouvelle au service de Dieu et du prochain. Cette vie ne résulte pas de ses qualités ou de ses efforts, elle lui est donnée. C'est la vie même de Jésus ressuscité.

"Baptisés en Jésus-Christ, c'est dans sa mort que nous avons été baptisés. Par le baptême, en sa mort nous avons été ensevelis avec lui, afin que, comme Christ est ressuscité des morts pour la gloire du Père, nous menions aussi une vie nouvelle". (Romains 6 v.3 et 4)
Quelques réflexions sur cette "Vie nouvelle"

Tout être humain, de façon plus ou moins marquée mais cependant constante, est naturellement centré sur lui-même. Ses difficultés, son bonheur, ses fautes et ses réussites le préoccupent en premier lieu. Ses rapports avec ses proches, ses amis mêmes, sont souvent inconsciemment orientés vers la recherche de satisfactions le plus souvent égoïstes, même si elles sont humainement très nobles. On aime l'autre, pour se faire plaisir à soi-même.

Ce n'est pas un mal en soi, mais la vie nouvelle proposée par Jésus, vécue par lui avant nous, a une toute autre dimension. Vivre à la suite de Jésus, vivre en communion avec lui, c'est vivre d'abord pour les autres et pour Dieu; c'est donner, se donner, c'est "mourir à soi-même".
Ne croyons pas qu'il s'agit simplement de remplacer un code moral, civil ou religieux par une nouvelle série de règles meilleures. La vie nouvelle est le fruit d'un renversement complet des valeurs mais aussi de la mentalité, du coeur, en un mot d'une conversion.
Le baptême, acte unique dans la vie du chrétien, nous engage sur une voie nouvelle devant Dieu (1 Pierre 3 v.21), il est le signe d'une conversion chaque jour renouvelée par la présence de l'Esprit. " Dieu nous a sauvés non en vertu d'œuvres que nous aurions accomplies nous-mêmes dans la justice, mais en vertu de sa miséricorde, par le bain de la nouvelle naissance et de la rénovation que produit l'Esprit Saint ".

Dès maintenant, par le baptême et par la Parole, Dieu offre à l'homme le pardon. Il s'agit d'un jugement de la part de Dieu. Il reconnaît l'homme comme juste. Il ne lui impute pas son péché (conçu comme orientation fondamentale poussant l'homme à l'affirmation de soi et à se recroqueviller sur lui-même au lieu d'être ouvert à Dieu), mais lui impute la justice du Christ. Ainsi, le jugement de Dieu est aussi une parole créatrice qui commence à transformer l'homme, " la grâce et justice spirituelle élève l'homme lui-même, le transforme et le détourne des péchés " (Luther).C'est une oeuvre de Dieu qui commence dans le baptême et qui s'achève seulement dans notre mort et par notre résurrection des morts. (cf. Luther...).

Chacun est appelé à recevoir personnellement la vie nouvelle en Jésus-Christ. Mais cette vie, on ne la mène pas seul. On ne se baptise pas soi-même on est baptisé par un autre et dans le sein d'une communauté, normalement d'un rassemblement. Le baptême peut être à juste titre considéré comme le signe d'appartenance à l'Eglise ou même d'entrée dans cette Eglise.
Le baptême est " acte d'espérance " écrit Karl Barth. Cette espérance concerne et transforme la vie présente de chacun et de toute l'Eglise, vie guidée par l'Esprit vers le service de Dieu et des autres; elle concerne la vie au-delà de nos limites humaines.